LES TENTATIVES DE SUICIDE
En France, une surveillance épidémiologique de l’évolution temporo-spatiale des Tentative de Suicide (TS) est réalisée depuis une dizaine d’années à Santé publique France. Elle est basée sur les données hospitalières et complétée par les enquêtes en population générale via le Baromètre de Santé publique France.
L’exploitation du PMSI-MCO (Programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine, chirurgie et obstétrique) permet de suivre les nombres et taux d’hospitalisation pour TS. L’ analyse des données du PMSI-MCO est circonscrite aux tentatives de suicide hospitalisées dans les services de médecine et chirurgie, incluant les séjours en unités d’hospitalisation de courte durée (UHCD) des services des urgences. Toutefois, elle ne prend pas en compte les patients passés aux urgences après une tentative de suicide mais non hospitalisés, ni ceux qui sont hospitalisés en psychiatrie, directement ou après leur passage aux urgences, sans hospitalisation préalable dans un service de médecine. En effet, les hospitalisations en établissement psychiatrique après une tentative de suicide sont très mal renseignées dans le système d’informations hospitalier.
Le Baromètre de Santé publique France permet de décrire, en population
générale, les opinions, les connaissances et les habitudes en lien avec la santé de la population vivant en France (Hexagone + DROM hors Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) et âgée de 18 à 79 ans. Les conduites suicidaires font partie des thématiques régulièrement abordées avec des questions sur les pensées suicidaires et les tentatives de suicide déclarées.
Édition 2024 du Baromètre de Santé publique France
Menée auprès d’un échantillon de 34 940 personnes vivant en France (Hexagone + DROM hors Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy). Une comparaison avec les éditions précédentes de l’enquête est présentée sur le périmètre constant des 18-75 ans en France hexagonale. Cependant,
ces comparaisons sont à interpréter avec précaution du fait d’un changement dans la méthodologie de l’enquête et dans l’analyse des résultats en 2024, dont certains détails sont présentés dans la
section Méthodologie du bulletin du Baromètre 2024.
Concernant les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie entière, la prévalence nationale s’élevait à 5,4 % [5,1 %-5,7 %]. Comparée aux éditions précédentes, cette prévalence était en baisse par rapport à 2017 et 2021, où elle valait respectivement 6,6 % et 7,1 %, alors qu’elle était égale à 5,5 % en 2024. Au niveau régional, la région Île-de-France (4,6 %) présentait une prévalence inférieure aux autres régions. A l’inverse, les Hauts-de-France (6,7%) et les Pays de la Loire (6,2%) présentaient des prévalences supérieures aux autres régions.
Au total, 0,4 % [0,3 %-0,5 %] des adultes de 18 à 79 ans ont déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours des 12 derniers mois. Cette prévalence restait stable par rapport aux précédentes éditions du Baromètre de Santé publique France. Au niveau régional, la Corse présentait une prévalence inférieure aux autres régions avec 0,1 %, alors que l’Occitanie présentait une prévalence supérieure aux autres avec 0,7 %
Passages aux urgences pour geste auto-infligé
En 2024, un total de 77 041 passages aux urgences pour geste auto-infligé, comprenant les tentatives de suicide et les automutilations, a été dénombré en France entière (hors Provence-Alpes- Côte d’Azur (PACA) et Corse), stable par rapport à 2023. Les passages aux urgences pour geste auto-infligé représentaient une part d’activité de 4,5 ‰ au sein des services d’urgence, qui restait stable par rapport à 2023 (- 1 %). Parmi l’ensemble des passages pour geste auto-infligé, environ deux tiers (63,3 %) étaient suivis par une hospitalisation, même si cet indicateur est à interpréter avec précaution du fait de différences de pratiques entre les services d’urgence sur le territoire.
Parmi les passages pour geste auto-infligé, près de 2 sur 3 concernaient des femmes (66,7 %).
Tous âges confondus, pour chacun des sexes, aucune évolution notable n’a été observée au cours des trois dernières années. Chez les femmes, les 11-17 ans et les 18-24 ans étaient les classes d’âge avec les parts d’activité pour geste auto-infligé les plus élevées (respectivement 17,8 ‰ et 14,1 ‰). A un niveau plus fin, les passages aux urgences des jeunes filles de 15-17 ans
correspondaient à la part d’activité la plus élevée toutes classes d’âge et sexes confondus avec 23,2 passages pour 1 000 passages. Par ailleurs, les 11-17 ans et les 18-24 ans étaient les seules classes d’âge chez les femmes pour lesquelles la part d’activité augmentait au cours des cinq dernières années. A l’inverse, les 25-44 ans et 45-64 ans étaient les classes d’âge pour lesquelles la part d’activité diminuait légèrement. Chez les hommes, les 18-24 ans et les 25-44 ans étaient les classes d’âge correspondant aux parts d’activité les plus élevées, avec respectivement 5,2 ‰ et 4,6 ‰. Dans toutes les classes d’âge chez les hommes, la part d’activité était en baisse au cours
des cinq dernières années, même si la tendance était à la stagnation pour les 18-24 ans et les 25-44 ans par rapport à 2023.
De fortes disparités territoriales des parts d’activité correspondant aux passages aux urgences pour geste auto-infligé sont observées entre les régions et les départements français. Les parts d’activité étaient les plus importantes dans les départements de l’Ouest. Néanmoins, ces disparités territoriales peuvent être en partie expliquées par le fait que les diagnostics sont codés majoritairement par des urgentistes avec des pratiques de codage différentes entre services d’urgence et par des différences d’offre de soins entre territoires. Par ailleurs, en 2022, une modification technique du logiciel Terminal Urgences (principalement utilisé en PACA et en Corse)
a impacté le codage des diagnostics des passages aux urgences pour geste suicidaire, entrainant ainsi une forte sous-estimation des effectifs dans les deux régions et donc au niveau national. Ce problème ayant persisté en 2023 (résolu depuis avril 2024 mais sans reprise d’historique pour les
années 2022, 2023 et le début de l’année 2024), il a été décidé de ne pas présenter d’indicateurs issus du réseau des urgences OSCOUR® pour la France entière, ni pour les régions PACA et Corse.
Hospitalisations pour geste auto-infligé
Le nombre d’hospitalisations pour geste auto-infligé (HGAI), comprenant les tentatives de suicide et les automutilations, au niveau France entière poursuivait son augmentation en 2024, avec 97 302 hospitalisations recensées (+ 7 % par rapport à 2023). Ce nombre correspondait à un taux standardisé de 142 hospitalisations pour 100 000 habitants (+ 6 % par rapport à 2023). En considérant uniquement la France hexagonale, on dénombrait 95 469 HGAI (+ 7 % par rapport à 2023), soit un taux standardisé de 144 HGAI pour 100 000 habitants (+ 6 % par rapport à 2023). La hausse observée concernait les deux sexes. Elle était néanmoins plus marquée chez les femmes pour lesquelles le taux standardisé continuait sa hausse passant de 168 à 180 hospitalisations pour 100 000 femmes (+ 7 %). Chez les hommes, la hausse restait contenue avec un taux standardisé passant de 97 à 102 hospitalisations pour 100 000 hommes (+ 5 %), conduisant à un taux similaire à celui de 2019 après une légère baisse au cours des dernières années. Près de 2 HGAI sur 3 concernaient des femmes (65,3 %). Chez les femmes, les taux les plus élevés étaient toujours observés chez les 11-17 ans et les 18-24 ans avec des taux respectivement égaux à 674 et 424 hospitalisations pour 100 000 femmes, largement supérieurs aux autres classes d’âge comme en 2023. Dans le détail, les jeunes filles de 15-17 ans présentaient le taux de recours le plus élevé avec 878 HGAI pour 100 000 jeunes filles, les 11-14 ans ayant un taux de 520 pour 100 000.
Les taux d’HGAI des 11-17 ans et 18-24 ans étaient en hausse chez les femmes par rapport à 2023, avec notamment une hausse de + 21 % du taux des 11-17 ans par rapport à 2023, confirmant la tendance amorcée depuis plusieurs années dans cette classe d’âge. A l’inverse, les taux des autres
classes d’âge restaient stables chez les femmes. Chez les hommes, les 18-24 ans et les 25-44 ans présentaient les taux d’hospitalisations les plus élevés avec respectivement 166 et 152 hospitalisations pour 100 000 hommes. Les 11-17 ans et les 18-24 ans présentaient les hausses les plus marquées chez les hommes par rapport à 2023 avec respectivement + 19 % et + 11 %, alors
que les taux restaient globalement stables dans les autres classes d’âge. L’analyse des tendances sur les cinq dernières années montre ainsi une vigilance accrue à porter sur ces deux classes d’âge, notamment les 18-24 dont le taux augmente en continu depuis la crise sanitaire du Covid-19.
À travers l’Hexagone, le gradient géographique décroissant nord-ouest/sud-est des taux régionaux d’HGAI observé depuis plusieurs années était retrouvé. Ce gradient était observé aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les taux standardisés les plus importants étaient observés dans
les Hauts-de-France (251 pour 100 000 habitants), en Normandie (202 pour 100 000) et en Bretagne (192 pour 100 000). Les taux les plus faibles étaient observés en Corse (86 pour 100 000) et en Île-de-France (80 pour 100 000). Dans l’Hexagone, des disparités départementales étaient également constatées au sein d’une même région. Les DROM présentaient des taux standardisés plus faibles que dans le reste de l’Hexagone, excepté la Réunion présentant un taux standardisé de 145 hospitalisations pour 100 000 habitants. Néanmoins, les disparités territoriales observées sont à
interpréter avec précaution et à mettre en regard des différences dans l’offre de soins entre territoires, notamment au niveau de l’offre psychiatrique. En effet, les séjours au sein des établissements psychiatriques étant recueillis dans une autre base que le PMSI-MCO, ils ne sont pas considérés dans ce bulletin et conduisent donc à une sous-estimation des taux d’hospitalisation pour geste auto-infligé
Pour en savoir plus Santé publique France / Bulletin / Surveillance annuelle des conduites suicidaires, bilan 2024 / Édition nationale /
10 octobre 2025 Voir aussi bulletins régionaux sur les conduites suicidaires
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